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J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
+6
Love'sChills
PeacefulWarrior
Admin
Lepcis
ThebookThief
Memento-Mori
10 participants
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Page 1 sur 2 • 1, 2
J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
"Ces livres qui ne respectent jamais notre distanciation. L’impact de leur colonisation est colossal. Ils étaient entre nos mains et sous nos yeux, maintenant classés dans nos bibliothèques et dans nos cœurs."
Partagez votre plume, vos colonisations ( prose, poésie ou autres), vos biles nocturno-sinueuses, vos articles... Si vous aimez les lettres, je vous en prie entrez!
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Bluebird by charles Bukowski
il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis, reste là, je ne veux pas
qu’on te
voie.
il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je verse du whisky dessus et inhale
une bouffée de cigarette
et les tapins et les barmens
et les employés d’épicerie
ne savent pas
qu’il est
là.
il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis,
tiens-toi tranquille, tu veux me fourrer dans le
pétrin ?
tu veux foutre en l’air mon
boulot ?
tu veux faire chuter les ventes de mes livres en
Europe ?
il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop malin, je ne le laisse sortir
que de temps en temps la nuit
quand tout le monde dort
je lui dis, je sais que tu es là,
alors ne sois pas
triste.
puis je le remets,
mais il chante un peu
là-dedans, je ne le laisse pas tout à fait
mourir
et on dort ensemble comme
ça
liés par notre
pacte secret
et c’est assez beau
pour faire
pleurer un homme, mais
je ne pleure pas,
et vous ?
***
ThebookThief- Accro
-
Age : 32
Ville : Selinas Valley
Inscrit le : 11/01/2014
Nombre des messages : 1020
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
"
Si mes parents m’avaient permis, quand je lisais un livre, d’aller visiter la région qu’il décrivait, j’aurais cru faire un pas inestimable dans la conquête de la vérité. Car si on a la sensation d’être toujours entouré de son âme, ce n’est pas comme d’une prison immobile: plutôt on est comme emporté avec elle dans un perpétuel élan pour la dépasser, pour atteindre à l’extérieur, avec une sorte de découragement, entendant toujours autour de soi cette sonorité identique qui n’est pas écho du dehors mais retentissement d’une vibration interne. On cherche à retrouver dans les choses, devenues par là précieuses, le reflet que notre âme a projeté sur elles; on est déçu en constatant qu’elles semblent dépourvues dans la nature, du charme qu’elles devaient, dans notre pensée, au voisinage de certaines idées; parfois on convertit toutes les forces de cette âme en habileté, en splendeur pour agir sur des êtres dont nous sentons bien qu’ils sont situés en dehors de nous et que nous ne les atteindrons jamais. Aussi, si j’imaginais toujours autour de la femme que j’aimais, les lieux que je désirais le plus alors, si j’eusse voulu que ce fût elle qui me les fît visiter, qui m’ouvrît l’accès d’un monde inconnu, ce n’était pas par le hasard d’une simple association de pensée; non, c’est que mes rêves de voyage et d’amour n’étaient que des moments—que je sépare artificiellement aujourd’hui comme si je pratiquais des sections à des hauteurs différentes d’un jet d’eau irisé et en apparence immobile—dans un même et infléchissable jaillissement de toutes les forces de ma vie."
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Memento-Mori a écrit:
Tel qu'orthographié par Baudelaire, "Enivrez" se lit é-ni-vrez et pas an-ni-vré, pour ça il faudrait écrire ENNIVREZ ! ( Y en a marre à la fin ...:P )
Lepcis- Motivé
-
Age : 30
Ville : Casa
Inscrit le : 04/06/2014
Nombre des messages : 246
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:
Tel qu'orthographié par Baudelaire, "Enivrez" se lit é-ni-vrez et pas an-ni-vré, pour ça il faudrait écrire ENNIVREZ ! ( Y en a marre à la fin ...:P )
Lol tu sais que j'étais naïve à éditer la phonétique du mot après l'avoir écouté, j'ai toujours pensé que "Enivrez" se prononçait énivrez.... mais ne trouves pas tu que ça sonne mieux le "ennivrez" ! (oui bon y en a marre à la fin )
Merci
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Memento-Mori a écrit:Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:
Tel qu'orthographié par Baudelaire, "Enivrez" se lit é-ni-vrez et pas an-ni-vré, pour ça il faudrait écrire ENNIVREZ ! ( Y en a marre à la fin ...:P )
Lol tu sais que j'étais naïve à éditer la phonétique du mot après l'avoir écouté, j'ai toujours pensé que "Enivrez" se prononçait énivrez.... mais ne trouves pas tu que ça sonne mieux le "ennivrez" ! (oui bon y en a marre à la fin )
Merci
Moi je suis neutre entre an-ni-vré et é-ni-vré, le plus important est de rester cohérent : quand on fait référence à Baudelaire, on lit é-ni-vré. En dehors de ce contexte, chacun le prononce comme il veut ! Les deux sont acceptées ..
Lepcis- Motivé
-
Age : 30
Ville : Casa
Inscrit le : 04/06/2014
Nombre des messages : 246
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:
Tel qu'orthographié par Baudelaire, "Enivrez" se lit é-ni-vrez et pas an-ni-vré, pour ça il faudrait écrire ENNIVREZ ! ( Y en a marre à la fin ...:P )
Lol tu sais que j'étais naïve à éditer la phonétique du mot après l'avoir écouté, j'ai toujours pensé que "Enivrez" se prononçait énivrez.... mais ne trouves pas tu que ça sonne mieux le "ennivrez" ! (oui bon y en a marre à la fin )
Merci
Moi je suis neutre entre an-ni-vré et é-ni-vré, le plus important est de rester cohérent : quand on fait référence à Baudelaire, on lit é-ni-vré. En dehors de ce contexte, chacun le prononce comme il veut ! Les deux sont acceptées ..
Je me demande si la poésie en prose de Baudelaire se permet-elle une liberté de prononciation...l'emphase sur le "n" ressort la force du mot en dehors du contexte morphologique.
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Parenthèse délirante, Bar Les Blancs
Marcher à ne voir personne, côte à côté avec l'ombre de ma vie. Des brouhahas sonnent comme un écho lointain des semblables insouciants, insignifiants. La foule ne m'absorbe que si elle est parsemée de particularités. Me sens-je particulière? Non, plutôt étrangère.
Attendre, après le serveur, après le sommeil, après le rêve, après... Mes stations sont décalées de l'échelle du temps. En amont, en aval, entre les deux. Une poursuite linéaire vers une mort sensible. Seulement, la mort épouse des formes où le temps se fige, en absence.
L'Absence, de la présence, du mouvement, du repère. Appel à une image mentale de la mort, aucunement une correspondance...Une femme? magnifique- maléfique, bohème portant les âges et vestiges des temps vécus?
En amont, empreinte et bribes de l'éternité. Il me semble avoir déjà vécu ailleurs, maintenant je porte les marques d'une époque à jamais révolue. Je la garde dans l'entrecroisement des mondes, dans mon voyage spirituel des nuits de bougies et encre en survol, dans ma solitude. En aval, la terre retournée de l'amont...
Ceux qui évoque un âge passé ne sont dans la course du temps. L'inconstance, l'incomplétude leur est plus chère.
Attendre, après le serveur, après le sommeil, après le rêve, après... Mes stations sont décalées de l'échelle du temps. En amont, en aval, entre les deux. Une poursuite linéaire vers une mort sensible. Seulement, la mort épouse des formes où le temps se fige, en absence.
L'Absence, de la présence, du mouvement, du repère. Appel à une image mentale de la mort, aucunement une correspondance...Une femme? magnifique- maléfique, bohème portant les âges et vestiges des temps vécus?
En amont, empreinte et bribes de l'éternité. Il me semble avoir déjà vécu ailleurs, maintenant je porte les marques d'une époque à jamais révolue. Je la garde dans l'entrecroisement des mondes, dans mon voyage spirituel des nuits de bougies et encre en survol, dans ma solitude. En aval, la terre retournée de l'amont...
Ceux qui évoque un âge passé ne sont dans la course du temps. L'inconstance, l'incomplétude leur est plus chère.
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Memento-Mori a écrit:Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:
Tel qu'orthographié par Baudelaire, "Enivrez" se lit é-ni-vrez et pas an-ni-vré, pour ça il faudrait écrire ENNIVREZ ! ( Y en a marre à la fin ...:P )
Lol tu sais que j'étais naïve à éditer la phonétique du mot après l'avoir écouté, j'ai toujours pensé que "Enivrez" se prononçait énivrez.... mais ne trouves pas tu que ça sonne mieux le "ennivrez" ! (oui bon y en a marre à la fin )
Merci
Moi je suis neutre entre an-ni-vré et é-ni-vré, le plus important est de rester cohérent : quand on fait référence à Baudelaire, on lit é-ni-vré. En dehors de ce contexte, chacun le prononce comme il veut ! Les deux sont acceptées ..
Je me demande si la poésie en prose de Baudelaire se permet-elle une liberté de prononciation...l'emphase sur le "n" ressort la force du mot en dehors du contexte morphologique.
Mmhh j'ai un doute ... la prose est une liberté prise dans la versification, pas dans la phonétique. Après, toutes les interprétations sont bonnes j'imagine.
C'est toi Above.and.Beyond de l'ancien forum ?
Lepcis- Motivé
-
Age : 30
Ville : Casa
Inscrit le : 04/06/2014
Nombre des messages : 246
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:Lepcis a écrit:Memento-Mori a écrit:
Tel qu'orthographié par Baudelaire, "Enivrez" se lit é-ni-vrez et pas an-ni-vré, pour ça il faudrait écrire ENNIVREZ ! ( Y en a marre à la fin ...:P )
Lol tu sais que j'étais naïve à éditer la phonétique du mot après l'avoir écouté, j'ai toujours pensé que "Enivrez" se prononçait énivrez.... mais ne trouves pas tu que ça sonne mieux le "ennivrez" ! (oui bon y en a marre à la fin )
Merci
Moi je suis neutre entre an-ni-vré et é-ni-vré, le plus important est de rester cohérent : quand on fait référence à Baudelaire, on lit é-ni-vré. En dehors de ce contexte, chacun le prononce comme il veut ! Les deux sont acceptées ..
Je me demande si la poésie en prose de Baudelaire se permet-elle une liberté de prononciation...l'emphase sur le "n" ressort la force du mot en dehors du contexte morphologique.
Mmhh j'ai un doute ... la prose est une liberté prise dans la versification, pas dans la phonétique. Après, toutes les interprétations sont bonnes j'imagine.
C'est toi Above.and.Beyond de l'ancien forum ?
Bon sang, comment l'as-tu deviné!!! Tu me fais une de ces peurs là
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Je suis heureuse de voir que mes dons de voyance font toujours autant leur effet !
Blague à part, c'est ce petit monde de lyrisme et de poésie que tu charries systématiquement avec toi. Mais j'ai quand même hésité à cause du "Rabat" ...
Blague à part, c'est ce petit monde de lyrisme et de poésie que tu charries systématiquement avec toi. Mais j'ai quand même hésité à cause du "Rabat" ...
Lepcis- Motivé
-
Age : 30
Ville : Casa
Inscrit le : 04/06/2014
Nombre des messages : 246
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
ton don à jouer les voyantes relève assurément d'un bon background. Tu m'as eu sur celle là et dire que j'ai essayé de dissiper mes traces.... mais voyant y a surement d'autres personnes qui aime partager ce package littéraire!! Ravie de te reparler quoi
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Memento-Mori a écrit:Lepcis a écrit:
Mmhh j'ai un doute ... la prose est une liberté prise dans la versification, pas dans la phonétique. Après, toutes les interprétations sont bonnes j'imagine.
C'est toi Above.and.Beyond de l'ancien forum ?
Bon sang, comment l'as-tu deviné!!! Tu me fais une de ces peurs là
I knew it was you! Contente de te retrouver..
Admin- Administrateur
-
Age : 37
Ville : Casablanca
Inscrit le : 01/12/2013
Nombre des messages : 424
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
*Avlee a écrit:Memento-Mori a écrit:Lepcis a écrit:
Mmhh j'ai un doute ... la prose est une liberté prise dans la versification, pas dans la phonétique. Après, toutes les interprétations sont bonnes j'imagine.
C'est toi Above.and.Beyond de l'ancien forum ?
Bon sang, comment l'as-tu deviné!!! Tu me fais une de ces peurs là
I knew it was you! Contente de te retrouver..
Oui je savais que tu m'aurais reconnue, contente de te retrouver aussi
Memento-Mori- Habitué
-
Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti le sens du mot jamais. Eh bien, c’est terrible. On prononce ce mot cent fois par jour mais on ne sait pas ce qu’on dit avant d’avoir été confronté à un vrai « plus jamais ». Finalement, on a toujours l’illusion qu’on contrôle ce qui arrive ; rien ne nous semble définitif. J’avais beau me dire toutes ces dernières semaines que j’allais bientôt me suicider, est-ce que j’y croyais vraiment ? Est-ce que cette décision me faisait vraiment ressentir le sens du mot « jamais » ? Pas du tout. Elle me faisait ressentir mon pouvoir de décider. Et je pense que, à quelques secondes de me donner la mort, fini à « jamais » resterait encore un mot vide. Mais quand quelqu’un qu’on aime meurt... alors je peux vous dire qu’on ressent ce que ça veut dire et ça fait très très très mal. C’est comme un feu d’artifice qui s’éteint d’un coup et tout devient noir. Je me sens seule, malade, j’ai mal au cœur et chaque mouvement me coûte des efforts colossaux.
Et puis il s’est passé quelque chose. C’est à peine croyable tant c’est un jour de tristesse. Avec Kakuro, on est descendus ensemble vers cinq heures dans la loge de Mme Michel (je veux dire de Renée) parce qu’il voulait prendre des vêtements à elle pour les apporter à la morgue de l’hôpital. Il a sonné et il a demandé à maman s’il pouvait me parler. Mais j’avais deviné que c’était lui : j’étais déjà là. Bien sûr, j’ai voulu l’accompagner. On a pris l’ascenseur tous les deux, sans parler. Il avait l’air très
fatigué, plus fatigué que triste ; je me suis dit : c’est comme ça que la souffrance se voit sur les visages sages. Elle ne s’affiche pas ; elle donne juste l’impression d’une très grande fatigue. Est-ce que moi aussi, j’ai l’air fatigué ?
Toujours est-il que nous sommes descendus à la loge, avec Kakuro. Mais, en traversant la cour, on s’est arrêtés net tous les deux en même temps : quelqu’un s’était mis au piano et on entendait très bien ce que ce quelqu’un jouait. C’était du Satie, je crois, enfin, je ne suis pas sûre (mais en tout cas c’était du classique).
Je n’ai pas réellement de pensée profonde sur le sujet. D’ailleurs, comment avoir une pensée profonde quand une âme sœur repose dans un frigidaire d’hôpital ? Mais je sais qu’on s’est arrêtés net tous les deux et qu’on a respiré profondément en laissant le soleil réchauffer notre visage et en écoutant la musique qui venait de là-haut. « Je pense que Renée aurait aimé ce moment », a dit Kakuro. Et on est encore restés là quelques minutes, à écouter la musique. J’étais d’accord avec lui. Mais pourquoi ?
En pensant à ça, ce soir, le cœur et l’estomac en marmelade, je me dis que finalement, c’est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n’est plus le même. C’est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèses dans le temps, de suspension, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais.
Oui, c’est ça, un toujours dans le jamais.
N’ayez crainte, Renée, je ne me suiciderai pas et je ne brûlerai rien du tout.
Car, pour vous, je traquerai désormais les toujours dans le jamais.
La beauté dans ce monde.
Et puis il s’est passé quelque chose. C’est à peine croyable tant c’est un jour de tristesse. Avec Kakuro, on est descendus ensemble vers cinq heures dans la loge de Mme Michel (je veux dire de Renée) parce qu’il voulait prendre des vêtements à elle pour les apporter à la morgue de l’hôpital. Il a sonné et il a demandé à maman s’il pouvait me parler. Mais j’avais deviné que c’était lui : j’étais déjà là. Bien sûr, j’ai voulu l’accompagner. On a pris l’ascenseur tous les deux, sans parler. Il avait l’air très
fatigué, plus fatigué que triste ; je me suis dit : c’est comme ça que la souffrance se voit sur les visages sages. Elle ne s’affiche pas ; elle donne juste l’impression d’une très grande fatigue. Est-ce que moi aussi, j’ai l’air fatigué ?
Toujours est-il que nous sommes descendus à la loge, avec Kakuro. Mais, en traversant la cour, on s’est arrêtés net tous les deux en même temps : quelqu’un s’était mis au piano et on entendait très bien ce que ce quelqu’un jouait. C’était du Satie, je crois, enfin, je ne suis pas sûre (mais en tout cas c’était du classique).
Je n’ai pas réellement de pensée profonde sur le sujet. D’ailleurs, comment avoir une pensée profonde quand une âme sœur repose dans un frigidaire d’hôpital ? Mais je sais qu’on s’est arrêtés net tous les deux et qu’on a respiré profondément en laissant le soleil réchauffer notre visage et en écoutant la musique qui venait de là-haut. « Je pense que Renée aurait aimé ce moment », a dit Kakuro. Et on est encore restés là quelques minutes, à écouter la musique. J’étais d’accord avec lui. Mais pourquoi ?
En pensant à ça, ce soir, le cœur et l’estomac en marmelade, je me dis que finalement, c’est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n’est plus le même. C’est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèses dans le temps, de suspension, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais.
Oui, c’est ça, un toujours dans le jamais.
N’ayez crainte, Renée, je ne me suiciderai pas et je ne brûlerai rien du tout.
Car, pour vous, je traquerai désormais les toujours dans le jamais.
La beauté dans ce monde.
Memento-Mori- Habitué
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Age : 39
Ville : Rabat
Inscrit le : 18/08/2014
Nombre des messages : 87
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
__
Et comme l’on vomit le fœtus dans ce monde bas
par le truchement du fantasme des hommes passionnés
à travers le tabou des hommes barbus
à travers ce que les unes ne veulent déjà plus
je me suis glissée dans ce trou noir et obscure
j’ai crié car comme l’embryon j’étais confortable dans le ventre de Dieu
car c’était un monde nouveau, c’était froid c’était aveuglant
car j’étais sale, j’étais nue, j’étais morte
et que l’on couvre chacun
le bébé d’habits colorés et le ridé de terre noire
que l’on prie pour chacun
et que l’on oublie son tour
naître ou mourir l’on finit par oublier
que nous demeurons tiraillés
que nous le vivons double
que nous nous estomperons et que nous ne garderons
le souffle de notre existence asphyxiée
prions à jamais car la peur nous habite
vivons à l’éternité car la mort ne nous quitte
__
Et comme l’on vomit le fœtus dans ce monde bas
par le truchement du fantasme des hommes passionnés
à travers le tabou des hommes barbus
à travers ce que les unes ne veulent déjà plus
je me suis glissée dans ce trou noir et obscure
j’ai crié car comme l’embryon j’étais confortable dans le ventre de Dieu
car c’était un monde nouveau, c’était froid c’était aveuglant
car j’étais sale, j’étais nue, j’étais morte
et que l’on couvre chacun
le bébé d’habits colorés et le ridé de terre noire
que l’on prie pour chacun
et que l’on oublie son tour
naître ou mourir l’on finit par oublier
que nous demeurons tiraillés
que nous le vivons double
que nous nous estomperons et que nous ne garderons
le souffle de notre existence asphyxiée
prions à jamais car la peur nous habite
vivons à l’éternité car la mort ne nous quitte
__
PeacefulWarrior- Occasionnel
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Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
PeacefulWarrior a écrit:__
Et comme l’on vomit le fœtus dans ce monde bas
par le truchement du fantasme des hommes passionnés
à travers le tabou des hommes barbus
à travers ce que les unes ne veulent déjà plus
je me suis glissée dans ce trou noir et obscure
j’ai crié car comme l’embryon j’étais confortable dans le ventre de Dieu
car c’était un monde nouveau, c’était froid c’était aveuglant
car j’étais sale, j’étais nue, j’étais morte
et que l’on couvre chacun
le bébé d’habits colorés et le ridé de terre noire
que l’on prie pour chacun
et que l’on oublie son tour
naître ou mourir l’on finit par oublier
que nous demeurons tiraillés
que nous le vivons double
que nous nous estomperons et que nous ne garderons
le souffle de notre existence asphyxiée
prions à jamais car la peur nous habite
vivons à l’éternité car la mort ne nous quitte
__
À qui donc sommes-nous ?
A qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ?
Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine ?
Oh ! parlez, cieux vermeils,
L'âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre ?
Chaque rayon d'en haut est-il un fil de l'ombre
Liant l'homme aux soleils ?
Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires,
Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?
Destin, lugubre assaut !
O vivants, serions-nous l'objet d'une dispute ?
L'un veut-il notre gloire, et l'autre notre chute ?
Combien sont-ils là-haut ?
Jadis, au fond du ciel, aux yeux du mage sombre,
Deux joueurs effrayants apparaissaient dans l'ombre.
Qui craindre? qui prier ?
Les Manès frissonnants, les pâles Zoroastres
Voyaient deux grandes mains qui déplaçaient les astres
Sur le noir échiquier.
Songe horrible! le bien, le mal, de cette voûte
Pendent-ils sur nos fronts ? Dieu, tire-moi du doute !
O sphinx, dis-moi le mot !
Cet affreux rêve pèse à nos yeux qui sommeillent,
Noirs vivants! heureux ceux qui tout à coup s'éveillent
Et meurent en sursaut !
(in Les Contemplations. Victor Hugo)
Memento-Mori- Habitué
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Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Je peux interrompre ...
Je peux interrompre la course
de la Terre. J’ai fait partir
les voitures bleues.
Je peux me rendre invisible ou minuscule.
Je peux devenir gigantesque et atteindre
les choses les plus lointaines. Je peux changer
le cours de la nature.
Je peux me situer n’importe où
dans l’espace ou le temps.
Je peux appeler les morts.
Je peux percevoir ce qui se passe sur d’autres mondes,
Au plus profond de mon esprit
Et dans l’esprit des autres.
Je peux
Je suis
Jim Morrison
Je peux interrompre la course
de la Terre. J’ai fait partir
les voitures bleues.
Je peux me rendre invisible ou minuscule.
Je peux devenir gigantesque et atteindre
les choses les plus lointaines. Je peux changer
le cours de la nature.
Je peux me situer n’importe où
dans l’espace ou le temps.
Je peux appeler les morts.
Je peux percevoir ce qui se passe sur d’autres mondes,
Au plus profond de mon esprit
Et dans l’esprit des autres.
Je peux
Je suis
Jim Morrison
Memento-Mori- Habitué
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Inscrit le : 18/08/2014
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Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Love your enemies.
It isn’t easy to love an enemy. This goes against your most basic survival instinct,
but it can be done and turned to an advantage.
Let the love squirt out of you like a fire hose of molasses. Give him the kiss of life.
Stick your tongue down his throat and taste what he has been eating and bless
his digestion. Ooze down into his intestines and help him along with his food.
Let him know you revere his rectum as part of an ineffable hose. Make him
understand that you stand and lick it off his genitals as part of the Master Plan.
Life in all it’s rich variety, do not falter. Let your love enter into him and
penetrate him with a divine lubricant. Makes KY and Lanolin feel like sandpaper.
It’s the most muscologinous, the slimiest, ooziest lubricant that ever was or shall
be.
Amen
--- William S. Burroughs
ThebookThief- Accro
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ThebookThief- Accro
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Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
A taste of the Southern Gothic genre : A Good Man is Hard to Find <-- Zis iz le link
(Or watch True Detective...that fucking show is worth it)
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Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Because I could not stop for Death—
He kindly stopped for me—
The Carriage held but just Ourselves—
And Immortality.
We slowly drove—He knew no haste
And I had put away
My labor and my leisure too,
For His Civility—
We passed the School, where Children played
At Recess—in the Ring
We passed the Fields of Gazing Grain—
We passed the Setting Sun—
Or rather—He passed Us—
The Dews drew quivering and chill—
For only Gossamer, my Gown—
My Tippet—only Tulle—
We paused before a House that seemed
A Swelling of the Ground—
The Roof was scarcely visible—
The Cornice—in the Ground—
Since then—'tis Centuries—and yet
Feels shorter than the Day
I first surmised the Horses' Heads
Were toward Eternity
--Emily Dickinson--
He kindly stopped for me—
The Carriage held but just Ourselves—
And Immortality.
We slowly drove—He knew no haste
And I had put away
My labor and my leisure too,
For His Civility—
We passed the School, where Children played
At Recess—in the Ring
We passed the Fields of Gazing Grain—
We passed the Setting Sun—
Or rather—He passed Us—
The Dews drew quivering and chill—
For only Gossamer, my Gown—
My Tippet—only Tulle—
We paused before a House that seemed
A Swelling of the Ground—
The Roof was scarcely visible—
The Cornice—in the Ground—
Since then—'tis Centuries—and yet
Feels shorter than the Day
I first surmised the Horses' Heads
Were toward Eternity
--Emily Dickinson--
Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
Love'sChills a écrit:Because I could not stop for Death—
He kindly stopped for me—
The Carriage held but just Ourselves—
And Immortality.
We slowly drove—He knew no haste
And I had put away
My labor and my leisure too,
For His Civility—
We passed the School, where Children played
At Recess—in the Ring
We passed the Fields of Gazing Grain—
We passed the Setting Sun—
Or rather—He passed Us—
The Dews drew quivering and chill—
For only Gossamer, my Gown—
My Tippet—only Tulle—
We paused before a House that seemed
A Swelling of the Ground—
The Roof was scarcely visible—
The Cornice—in the Ground—
Since then—'tis Centuries—and yet
Feels shorter than the Day
I first surmised the Horses' Heads
Were toward Eternity
--Emily Dickinson--
Un peu de "Background" sur E.D
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Re: J'ai été colonisée...Je serai encore ravie de l'être!
ThebookThief a écrit:
Un peu de "Background" sur E.D
J'adore !
Je viens aussi de voir l'épisode sur Sylvia Plath ,très instructif !
Un de mes poèmes préférés (Le féministe que je suis ne peut pas s’empêcher de le partager) :
Sylvia Path a écrit:The Munich Mannequins
Perfection is terrible, it cannot have children.
Cold as snow breath, it tamps the womb
Where the yew trees blow like hydras,
The tree of life and the tree of life
Unloosing their moons, month after month, to no purpose.
The blood flood is the flood of love,
The absolute sacrifice.
It means: no more idols but me,
Me and you.
So, in their sulfur loveliness, in their smiles
These mannequins lean tonight
In Munich, morgue between Paris and Rome,
Naked and bald in their furs,
Orange lollies on silver sticks,
Intolerable, without mind.
The snow drops its pieces of darkness,
Nobody's about. In the hotels
Hands will be opening doors and setting
Down shoes for a polish of carbon
Into which broad toes will go tomorrow.
O the domesticity of these windows,
The baby lace, the green-leaved confectionery,
The thick Germans slumbering in their bottomless Stolz.
And the black phones on hooks
Glittering
Glittering and digesting
Voicelessness. The snow has no voice.
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